Sélectionner une page

L’instrumentalisation de ces accords par la propagande du Kremlin dans sa rhétorique pour légitimer la guerre en Ukraine a un écho puissant dans l’opinion occidental, d’autant après les propos de la chancelière A.Merkel en décembre 2022 dans une interview accordée à l’hebdomadaire « Die Zeit » qui a semé la confusion.

Confusion que les pro-kremlin occidentaux se sont empressés d’interpréter à leur manière pour confirmer la thèse soutenue.

Mais, non, ce n’est pas aussi simple et on vous explique pourquoi en détail.

Les Accords de Minsk : C’est quoi ?

Les accords de Minsk (I) sont la résultante d’une proposition initiale de la mise en œuvre d’un « Plan de Paix » proposé le 20 juin 2014 par le Président Porochenko pour stopper l’insurrection dans les régions de Donetsk et Louhansk (Donbass), régions dans lesquelles ont éclaté des conflits entre l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes soutenus par la Russie et ses milices suite aux évènements de 2014, et à l’annexion de la Crimée.

Ce « Plan de Paix » en 14 points a été soumis dans la foulée au Président Russe qui a fait une série de commentaires.

Il a ensuite été discuté entre 3 parties, l’Ukraine, la Russie et l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), lesquels sont parvenus à s’entendre sur l’application de 13 mesures.

Que prévoyait les Accords de Minsk ?

Minsk I : Contenu

Le Protocole de Minsk (I) du 5 septembre 2014 prévoyaient la mise en œuvre de 12 points :

  1. Assurer immédiatement la cessation bilatérale du recours aux armes.
  2. Assurer la surveillance et la vérification par l’OSCE du régime de non-recours aux armes.
  3. Procéder à une décentralisation des pouvoirs, notamment grâce à l’adoption d’une Loi de l’Ukraine relative aux modalités temporaires de l’exercice de l’autonomie locale dans certains arrondissements des régions de Donetsk et de Lougansk (Loi portant statut particulier).
  4. Assurer une surveillance de la frontière d’État entre l’Ukraine et la Russie et une vérification permanentes exercées par l’OSCE, avec création d’une zone de sécurité dans les arrondissements frontaliers de l’Ukraine et de la Fédération de Russie.
  5. Procéder sans retard à la libération de tous les otages et de toutes les personnes illicitement retenues.
  6. Adopter une loi interdisant toutes poursuites et toutes sanctions à l’encontre de personnes en rapport avec les événements qui se sont produits dans certains arrondissements des régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk.
  7. Poursuivre un dialogue national inclusif.
  8. Adopter des mesures afin d’améliorer la situation humanitaire dans le Donbass.
  9. Assurer la tenue d’élections locales anticipées conformément à la Loi de l’Ukraine relative aux modalités temporaires de l’exercice de l’autonomie locale dans certains arrondissements des régions de Donetsk et de Lougansk (Loi portant statut particulier).
  10. Procéder au retrait du territoire ukrainien des formations armées et du matériel militaire illicites, ainsi que des combattants irréguliers et des mercenaires.
  11. Adopter un programme de relèvement économique du Donbass et de rétablissement des activités vitales de la région.
  12. Accorder des garanties de sécurité personnelle aux participants aux consultations.
Minsk I : Qui était présent ?

Ce 5 septembre 2014, lors de la signature de ces accords dans la capitale Biélorusse, étaient présent les représentants suivants :

  • Heidi Tagliavini représentant de l’OSCE
  • Leonid Koutchma, ancien Président [1994-2005] représentant de l’Ukraine
  • Mikhaïl Zourabov, ambassadeur russe en Ukraine représentant de la Russie
  • Alexandre Zakhartchenko, représentant de la république populaire [autoproclamée] de Donetsk (DNR)
  • Igor Plotnitski, représentant de la république populaire[autoproclamée] de Louhansk (LNR)

Les signataires de Minsk II seront les mêmes.

En raison du non-respect bilatéral du protocole et des violations de cessez-le-feu, un memorandum (19 septembre 2014) vise à préciser les conditions de mise en œuvre des accords et notamment les points liés au désarmement du conflit.

Mais alors pourquoi Minsk II ?

L’échec de Minsk (I), car malgré une baisse d’intensité du conflit constaté par l’OSCE pour une courte période, fin 2014 – début 2015, les combats ont repris de plus bel.

Minsk II se voyait également plus précis que Minsk I car une des raisons de l’échec de Minsk I était le manque de précisions à la fois sur la teneur des mesures mais aussi de l’agenda pour leur mise en application.

C’est sur ce dernier point que « jouera » le Kremlin qui insistera sur la mise en application rapide des points 3 et 9 des accords, la décentralisation du pouvoir et l’organisation d’élections dans les régions DNR et LNR.

Côté Ukrainiens, la réponse était claire, aucune élection, aucun référendum ne saurait avoir lieu tant que les groupes armés ne s’étaient pas retirés.

L’Ukraine ne souhaitait pas revoir jouer le scénario Criméen lors de son annexion illégale par la Russie, sous le joug de milices armées et après avoir tués, déportés ou menacés les résidents d’opposition (certains groupes ethniques, comme les Tatars de Crimée par exemple), et après avoir promis des passeports ou encore des allocations en guise de compensations..

Minsk II : Contenu

Les Accords de Minsk II du 12 février 2015 prévoyaient la mise en œuvre de 13 points :

      1. Cessez-le-feu immédiat et général dans certaines zones des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk et mise en œuvre rigoureuse de celui-ci à partir du 15 février 2015 à 0 heure (heure de Kiev).
      2. Retrait par les deux parties de toutes les armes lourdes à des distances égales afin d’établir une zone de sécurité d’une largeur minimale de 50 km pour les systèmes d’artillerie d’un calibre de 100 mm et plus et une zone de sécurité de 70 km de largeur pour les systèmes de lance-roquettes multiples et de 140 km de largeur pour les systèmes de lance-roquettes multiples Tornado-S, Ouragan et Smertch et les systèmes de fusées tactiques Totchka (Totchka-Ou) : – pour les troupes ukrainiennes, à partir de la ligne de contact de fait ; – pour les unités armées de certaines zones des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, à partir de la ligne de contact établie conformément au mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014. Le retrait des armes lourdes énumérées ci-dessus devra débuter au plus tard le deuxième jour suivant le cessez-le-feu et prendre fin dans un délai de quatorze jours. L’OSCE contribuera à ce processus avec l’appui du Groupe de contact tripartite.
      3. Assurer un suivi et une vérification effectifs, de la part de l’OSCE, du régime de cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes dès le premier jour de celui-ci, avec recours à tous les dispositifs techniques nécessaires, y compris satellites, drones, systèmes radar et autres.
      4. Le premier jour suivant le retrait engager un dialogue sur les modalités de la tenue d’élections locales conformément à la législation ukrainienne et à la Loi de l’Ukraine relative aux modalités temporaires de l’exercice de l’autonomie locale dans certains 2 arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk, ainsi que sur le régime futur de ces arrondissements en vertu de ladite loi. Sans retard, trente jours au plus tard à compter de la signature du présent document, faire adopter par la Rada suprême d’Ukraine une résolution précisant le territoire relevant d’un régime particulier en vertu de la Loi de l’Ukraine relative aux modalités temporaires de l’exercice de l’autonomie locale dans certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk, sur la base de la ligne établie par le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.
      5. Garantir la grâce et l’amnistie en promulguant la loi interdisant toutes poursuites et toutes sanctions à l’encontre de personnes en rapport avec les événements qui ont eu lieu dans certaines zones des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk.
      6. Assurer la libération et l’échange de l’ensemble des otages et des personnes retenues illicitement sur la base du principe « tous contre tous ». Ce processus devra prendre fin au plus tard le cinquième jour suivant le retrait.
      7. Garantir la sécurité de l’accès à l’aide humanitaire, de sa livraison, de son stockage et de sa distribution aux personnes nécessiteuses sur la base d’un mécanisme international.
      8. Définir les modalités du plein rétablissement des rapports socio-économiques, notamment les transferts sociaux tels que le versement des pensions et autres prestations (recettes et revenus, paiement en temps voulu de toutes les charges collectives, reprise de l’imposition dans le cadre juridique ukrainien). À cette fin, l’Ukraine rétablira le contrôle du segment de son système bancaire dans les zones affectées par le conflit et un mécanisme international en vue de faciliter ces transferts sera éventuellement mis en place.
      9. Rétablissement du contrôle total de la frontière d’État par le gouvernement de l’Ukraine dans l’ensemble de la zone du conflit, qui devra commencer le premier jour suivant les élections locales et s’achever après le règlement politique global (élections locales dans certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk sur la base de la Loi de 3 l’Ukraine et réforme constitutionnelle) à la fin de 2015, sous réserve de la mise en œuvre du paragraphe 11 en consultation et en accord avec les représentants de certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite.
      10. Retrait du territoire de l’Ukraine de l’ensemble des unités armées étrangères et équipements militaires et mercenaires étrangers, sous le contrôle de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux.
      11. Mise en œuvre d’une réforme constitutionnelle en Ukraine avec entrée en vigueur d’ici à la fin de 2015 d’une nouvelle Constitution prévoyant comme élément clef une décentralisation compte tenu des spécificités de certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk définies en accord avec les représentants de ceux-ci, ainsi qu’adoption, avant la fin de 2015, d’une législation permanente relative au statut spécial de certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk conformément aux mesures mentionnées en note1 .
      12. Sur la base de la Loi de l’Ukraine relative aux modalités temporaires de l’exercice de l’autonomie locale dans certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk, les questions afférentes aux élections locales feront l’objet de discussions et d’un accord avec des représentants de certains arrondissements des régions de Donetsk et de Louhansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Les élections auront lieu dans le respect des normes pertinentes de l’OSCE et seront suivies par le BIDDH de l’OSCE.
      13. Intensifier l’action du Groupe de contact tripartite, notamment en mettant en place des groupes de travail chargés de la mise en œuvre des aspects correspondants des accords de Minsk. Ils refléteront la composition du Groupe de contact tripartite.
Minsk II : Qui était présent ?

Ce 12 février 2015, lors de la signature des accords dans la capitale Biélorusse, étaient présent les représentants suivants :

 

  • Heidi Tagliavini représentant de l’OSCE
  • Leonid Koutchma, ancien Président [1994-2005] représentant de l’Ukraine
  • Mikhaïl Zourabov, ambassadeur russe en Ukraine représentant de la Russie
  • Alexandre Zakhartchenko, représentant de la république populaire [autoproclamée] de Donetsk (DNR)
  • Igor Plonitski, représentant de la république populaire[autoproclamée] de Louhansk (LNR)
Minsk II : Sommet entre les dirigeants des Etats

Les accords signés le 12 février 2015 font suite à d’âpres négociations qui auront duré 16h sous le parrainage de la France et de l’Allemagne au Palais de l’indépendance à Minsk.

Les parties suivantes étaient représentées :

        • Petro Porochenko – Président Ukrainien
        • Vladimir Poutine – Président de la Fédération de Russie
        • François Hollande – Président de la République Française
        • Angela Merkel – Chancelière Allemande
        • Alexandre Zakhartchenko, représentant de la république populaire [autoproclamée] de Donetsk (DNR)
        • Igor Plonitski, représentant de la république populaire[autoproclamée] de Louhansk (LNR)
Minsk II, les raisons d’un échec cuisant !

Plusieurs explications : Parmi-elles

Malgré la constatation d’une baisse significative des tirs dans une large partie des zones de conflits, le cessez-le-feu total n’a jamais été respecté.

Et pour cause, quelques jours avant le sommet du 12.02.2015 réunissant les chefs d’état, les dirigeants des troupes séparatistes soutenus par Moscou annonçaient déjà qu’un cessez-le-feu ne saurait être immédiat et prendrait du temps.

Pour quelles raisons ?

Outre le fait que le gouverneur de la région autoproclamée de Donetsk, A.Zakhartchenko, contraint de signer les accords validés par V.Poutine, ai affirmé que le cessez-le-feu ne s’appliquerait pas aux zones intérieures DNR, une région, Debaltsevo, faisait l’objet d’une bataille intense dont la victoire était constitutive d’une position de force dans la « guerre » des négociations.

        • Debaltsevo : Nœud stratégique et le Sommet de Minsk

Debaltsevo, situé entre Donetsk et Louhansk est un nœud routier et ferroviaire stratégique.

La ville et sa région était sous contrôle des forces armées ukrainiennes* mais totalement sous pression des séparatistes depuis plusieurs semaines.

Les Ukrainiens savaient que l’abandon de ce nœud important n’était qu’une question de jours tant le rapport de forces leur était défavorable dans cette bataille. [Dès le 18-02-2015, les forces ukrainiennes ont dû se retirer progressivement sous les intenses bombardements]

C’est dans ce cadre incertain, et après avoir subi déjà de nombreux autres revers militaires, que se tenait le sommet des accords de Minsk.

Autant dire que les forces en présence étaient plutôt du côté Russes-séparatistes que du côté Ukrainiens, et l’on sait combien il est important d’arriver dans des négociations avec un rapport de force supérieur.

*Ces forces armées ukrainiennes incluent également des régiments et des bataillons spéciales formées dans les premières phases du conflit de 2014, notamment en raison de la désorganisation et le manque de préparation de l’armée Ukrainienne surprise par cette agression.

        • La teneur des mesures et leur agenda [On reprend les mêmes et on recommence]

A l’image de Minsk I, mais cette fois avec un agenda plus précis, Minsk II prévoyait que l’Ukraine pourrait recouvrir ses frontières le lendemain des élections locales dans les zones LNR et DNR. (Pt.9)

Mais, l’Ukraine revendique le droit a la tenue d’élections sous contrôle totale de ses frontières et sans l’influence de groupes armées. (Pt1 ; Pt2 ; Pt9)

La Russie rétorquera longtemps qu’aucune troupe militaire russe n’était présente en Ukraine avant de finalement confirmer quelques temps plus tard les évidences. (Constat OSCE)

Elle a par ailleurs également largement fourni en armes les séparatistes et les a formé sur le terrain.

Minsk I et II : Des mesures ont-elles été mises en place ?

La réponse est oui, comme le souligne le très exhaustif résumé de la Fondation Jean Jaurès.

En outre :

« …l’Ukraine a adopté certaines des dispositions politiques des Accords de Minsk, et ce, en partie, du fait de pressions occidentales. Aussitôt après Minsk I, le Parlement ukrainien a adopté, le 16 septembre 2014, une loi relative aux dispositions spéciales gouvernant l’administration locale dans certains districts des régions de Donetsk et Luhansk. Cette loi prévoyait des mesures d’amnistie, un statut particulier pour la langue russe, une coopération transfrontière avec la Russie et des « unités de police » créées par les conseils municipaux dans les ORDLO. »

« Le 31 août 2015, le Parlement ukrainien a aussi adopté les amendements constitutionnels de décentralisation exigés aux termes des Accords de Minsk, et qui mentionnaient notamment « les spécificités de l’exercice de la gouvernance locale dans certains districts des régions de Donetsk et Luhansk », à définir dans une loi distincte. Ce vote, auquel il a été procédé en présence de l’Envoyée spéciale des États-Unis, Victoria Nuland, a été considéré par de nombreux Ukrainiens comme résultant d’une ingérence étrangère inacceptable dans les affaires de l’Ukraine. Devant l’immeuble du Parlement, des nationalistes se sont heurtés à la police. Les violences ont fait quatre morts et 100 blessés. Les amendements doivent, pour acquérir force de loi, être soumis à un second scrutin, mais c’est là une initiative que les autorités ukrainiennes n’envisagent pas de prendre dans un avenir proche. »

« Les progrès les plus marquants ont été réalisés sur la disposition du Protocole de Minsk relative à l’échange des otages. Même si les otages, prisonniers et « personnes illégalement détenues » n’ont pas tous été échangés entre les parties sur la base « tous contre tous » qui avait été retenue, plusieurs échanges ont été effectués, le dernier en date ayant eu lieu le 27 décembre 2017, où 74 Ukrainiens détenus dans les ORDLO ont été libérés. Néanmoins, il reste une centaine de prisonniers dans le Donbass occupé, et près de 100 personnes étaient détenues comme prisonniers politiques en Russie et en Crimée occupée, jusqu’à la libération de 35 prisonniers en septembre 2019. Otages du conflit, elles sont accusées de délits imaginaires et utilisées à des fins de propagande. Bien que leurs procès soient de nature manifestement politique, la Russie soutient que les Accords de Minsk ne s’appliquent pas à elles et qu’elles ne remplissent pas les conditions de ces échanges. »

Accords de Minsk 2014-2015 – En conclusion

Sans un agenda plus précis sur l’application de ces mesures, avec des zones d’ombres sur certaines mesures, un cessez-le-feu jamais respecté et une méfiance accrue entre les acteurs du conflit, ces accords ne pouvaient pas mener à la résolution du conflit.

Dans un contexte où la population se divisait autour de clivages politiques, sociaux, culturels, ethniques, etc. entretenues par des politiques soucieux de leurs propres intérêts et le poids de la propagande et l’ingérence russe, il était difficile de faire accepter d’un côté comme de l’autre des accords qui ne satisfaisait en réalité personne.

 

2022 – Les « révélations » de A.Merkel et F.Hollande sur les Accords de Minsk.

Depuis Décembre 2022, la propagande occidentale pro-russe s’est saisi des déclarations des deux anciens dirigeants parrains des accords de Minsk en « travestissant » leurs propos pour faire croire que l’Occident a manipulé la Russie et l’opinion publique. Tatatam…

« La preuve cinglante » du complot Occidentale ?

« Angela Merkel a déclaré à propos des protocoles de Minsk qu’il était évident que le conflit allait être gelé, que le problème n’était pas résolu, mais cela a juste donné à l’Ukraine un temps précieux »

 » Elle a également utilisé ce temps pour devenir plus forte, comme vous pouvez le voir aujourd’hui.

Selon Merkel, Poutine aurait facilement pu envahir l’Ukraine début 2015. 

« Et je doute fort que les pays de l’OTAN auraient pu faire autant à l’époque qu’ils le font aujourd’hui pour aider l’Ukraine. »

Quant aux propos de F.Hollande interrogé au sujet de cette déclaration

« Oui, Angela Merkel a raison sur ce point.

Les accords de Minsk stoppèrent momentanément l’offensive russe. Ce qui était très important, c’était de savoir comment l’Occident utiliserait ce répit pour empêcher toute nouvelle tentative russe. »

Pschiiiit….

Oui ces déclarations sont exactes et ont bien été prononcées par ces deux anciens dirigeants.

Non ce ne sont pas les confessions d’une volonté intentionnelle de tromper la Russie à moins de ne pas savoir décrypter un message politique clair ou d’être un fervent supporter du Kremlin.

Il ne fallait pas être prophète pour comprendre que les accords de Minsk n’aboutiraient à rien après l’échec de Minsk I et la rupture du cessez-le-feu par les troupes russes dans l’offensive de Debaltsevo 3 jours après Minsk II, et ces deux chefs d’état étaient mieux placés que quiconque pour le comprendre tant leur implication dans la mise en œuvre de ces accords étaient directes.

L’inflexibilité des deux belligérants (Ukraine-Russie) au sujet du déploiement et de l’agenda de ses mesures, le contexte géopolitique mondiale, F.Hollande le rappelait, le laxisme en Syrie, la débâcle des Etats-Unis en Afghanistan, la dépendance énergétique européenne, notamment de l’Allemagne sur le Gaz Russe et bien sûr l’Annexion de la Crimée restée sans réponse Occidentale (hors sanctions économiques) suffisamment d’éléments pour renforcer la position de V.Poutine sur la scène internationale et le conforter dans sa position de force vis-à-vis de l’Ukraine mais aussi d’une Europe et d’un Occident « affaiblies ».

Pourquoi céder ? Qui empêcherait Poutine d’obtenir ce qu’il voulait ? Voilà en filigrane ce que disent Merkel et Hollande, Poutine n’était pas prêt à négocier, il voulait garder l’Ukraine dans son giron et si celle-ci continuait de se tourner vers l’Europe, alors elle en paiera le prix, celui que l’on constate depuis le 24-02-2022.Il fallait donc jouer le jeu de la diplomatie et gagner du temps pour que l’armée Ukrainienne se renforce et puisse donner le change le jour J.

Ce n’était qu’une question de temps pour la Russie d’attaquer l’Ukraine, qu’un conflit armé de grande ampleur éclate entre ces deux-là.

L’Ukraine n’était pas dupe sur les ambitions de la Russie, elle avait compris déjà en 2019, à l’image de l’ancien agent du renseignement Ukrainien, Oleksiy Arestovych, que celle-ci avait des volontés impérialistes.

Tôt ou tard, et le « salut » de l’Ukraine serait de rejoindre l’OTAN…ce qu’ils n’envisageaient pas avant 2014, comme le montre les résultats des sondages sur la population Ukrainienne mais que la Russie a complètement inversé en annexant illégalement la Crimée.

Bien sûr, Poutine, ce grand homme de principe, s’est dit choqué de lire cela :

« Pour être honnête, c’était totalement inattendu pour moi. Cela déçoit. Franchement, je ne m’attendais pas à entendre une telle chose de la part de l’ancien chancelier », a déclaré Poutine aux journalistes à Bichkek, la capitale kirghize.

Révélations du journal Le Figaro 

Quand on se fait avoir à son propre jeu !

A son tour, et au grand désarroi des défenseurs du soit-disant « monde libre et multipolaire » que représente les partisans russophiles, Vladislav Sourkov, homme d’affaires et homme politique russe, cofondateur du parti « Russie unie » qui mena V.Poutine au pouvoir en 2001 et largement considéré comme le principal idéologue du Kremlin, à lancé un gros pavé dans la mare au sujet des Accords de Minsk le 16 février 2023 sur une chaine Telegram Russe.

A la question, « lorsque vous avez travaillé sur les accords de Minsk, êtes-vous parti du fait qu’ils doivent être mis en œuvre ? », celui-ci a clairement répondu « Non »

Suite à ces déclarations, le porte-parole russe, Dmitri Peskov, a réagi et répondu ceci « La partie russe a fait des efforts sur la voie des négociations », mais de de reconnaître «y avait un certain pessimisme dans la phase finale».

Selon l’enquête du Figaro toujours :

« M. Sourkov sait d’autant plus de quoi il parle qu’il a été le grand architecte du mouvement « séparatiste » du Donbass à partir de 2014. Deux mille trois cents de ses e-mails et de ceux de ses équipes en donnent une preuve éclatante, là encore battant en brèche le récit d’un authentique mouvement d’émancipation du Donbass, face à un pouvoir kiévien oppressif. Narratif largement inspiré par le Kremlin, à la suite notamment de M. Sourkov, mais encore souvent repris à ce jour en France.

Dans ces 2300 e-mails, tout y est pourtant : tactiques de subversion, usage de la violence, sélection des activistes et autres agents d’influence locaux ou venus de Russie pour organiser et participer à divers rassemblements «spontanés» (syndicats, mouvements de jeunes, associations de vétérans, etc.), coûts des manifestations détaillés dans des tableaux Excel, choix des slogans et des affiches, achat de journalistes et de la presse locaux, etc.

Les e-mails hackés montrent qu’à partir de février 2015, l’équipe de Sourkov s’est concentrée sur les amendements à apporter à la Constitution ukrainienne. On le voit mettre en scène les « dirigeants » des «Républiques populaires» fantoches de Donetsk (DNR) et Louhansk (LNR), leur dictant les éléments de langage pour créer la fiction de régions ukrainiennes désireuses de rester dans le giron ukrainien mais avec un «statut spécial» et dotées de leur propre «milice populaire» (armée). Lesdits « dirigeants » se voient ainsi souffler l’idée d’inscrire dans la Constitution ukrainienne le statut de neutralité du pays (c’est-à-dire ne pas rejoindre l’Otan) et un droit de veto sur les principales décisions nationales accordées à la LNR et la DNR. »

Source

Edifiant n’est-ce pas ?

Il semble inutile d’ajouter quoi que ce soit supplémentaire à ces déclarations.

En résumé :

-Non ce n’est pas l’Ukraine qui n’a pas respecté les Accords de Minsk ou plus précisément, aucun des 2 belligérants n’a respecté ces accords pour différentes raisons

-Les Accords de Minsk n’ont pas de valeur juridique international du point de vue du droit Ukrainien. Ces accords ont été signés par un ex-président ukrainien (un citoyen ne représente pas l’état) en contradiction avec la Constitution Ukrainienne, sous la pression de la guerre et d’une offensive majeure au moment de leur signature, soit en opposition au Droit International, ils deviennent donc invalidés au regard de l’article 52 de la Convention de Vienne.

De fait, même si l’Ukraine n’avait pas respecté ces accords de manière unilatérale, cela ne les rendrait en rien coupable au regard de la loi.

-Les cessez-le-feu n’ont jamais été respectés par les séparatistes russes
-L’Ukraine a signé les Accords de Minsk sous la pression Occidentale et dans un contexte très défavorable à la négociation (perte de Debaltsevo)

-L’Ukraine était favorable au déploiement de forces de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unis (ONU) sur son territoire.

La Russie s’est opposée à toutes initiatives de déploiement d’organisation internationale en Ukraine.

-L’autonomie de DNR et LNR est un cheval de Troie pour l’Ukraine, ces régions et leurs gouverneurs fantoches, totalement sous l’autorité du Kremlin permet à la Russie de continuer à s’ingérer dans les affaires intérieures du pays, à conclure des affaires juteuses avec une région riche de ses matières premières, à destabiliser le pays de l’intérieur, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2014, elle a refusé la demande d’intégration à la Russie, inutile..les avantages sans les inconvénients.

Cet objectif de déstabilisation pour justifier son ingérence ou pire comme le montre les évènements de 2022 en Ukraine, pour agresser un pays souverain au prétexte de venir en secours à une population russophone oppressée a déjà fait ses preuves en Transnistrie, en Abkhazie ou en Ossétie du Sud…

-Pour rappel : C’est bien la Fédération de Russie qui a sabordé le Mémorandum de Budapest signé en 1994 et qui prévoyait de respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine[entre autre].
-La Russie n’avait pas l’intention de respecter les Accords de Minsk comme le soutien V.Sourkov, homme politique proche du pouvoir