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Non, rassurez-vous, nous ne parlerons pas de Sarkozy chaque semaine..tant ce personnage ne mérite qu’un désintérêt profond, mais malheureusement, celui-ci a décidé de se servir de la guerre en Ukraine pour vendre son dernier livre et tenter de peser encore sur la vie politique et les opinions publiques en se faisant le relai de la propagande du kremlin.

Qu’on le veuille ou non, il a son public, il est donc nécessaire de lui apporter la contradiction et de réhabiliter des faits historiques manipulés par ce personnage aux multiples affaires judiciaires, récemment condamné, rappelons-le, à 3 ans de prison pour corruption.

Sarkozy – Sa longue histoire avec la Russie

Inutile de rappeler ce que nous avons mentionné dans le précédent billet au sujet des affaires judiciaires et des soupçons de corruption de monsieur Sarkozy, nous nous attarderons aujourd’hui sur les vieilles origines du postulat de N.Sarkozy au sujet de l’Ukraine pour comprendre sa position pro-russe actuelle, et à l’image du travail sur sa dernière interview livré au Figaro, nous déconstruisons la rhétorique simpliste et biaisée de ce manipulateur égocentrique.

Vidéo extraite du discours de N.Sarkozy le 15 novembre 2014 à Aulnay-sous-Bois.

L’extrait commence ainsi :

« Je suis fasciné par la capacité d’un certain nombre d’acteur politique et d’observateurs à oublier la géographie et l’histoire »

Nous aussi sommes fascinés par votre inculture crasse de l’histoire de l’Ukraine et votre mépris pour ce peuple et son droit à l’auto-détermination monsieur Sarkozy !

« La Russie est un allié naturel et un partenaire naturel, je ne veux pas que l’on recrée les conditions de la guerre froide qui ont fait tant de mal sur le territoire du continent européen. C’est une erreur majeure ! »

Les alliances entre pays ne sont rien d’autres que des alliances d’intérêts ! Rien de bien naturel, l’histoire nous a montré qu’un « allié naturel » comme la Russie n’hésite pas à créer des alliances secrètes lorsqu’elle l’estime utile..

L’Europe a largement tendu la main à la Russie contrairement à ce que certains démagogues laissent à croire.

N’inversons pas les rôles agresseur-agressé, c’est bien la Russie qui a une attitude impérialiste et qui décide d’annexer une partie de la Géorgie, c’est elle qui annexe un territoire Ukrainien, encore elle qui mène une guerre sanglante contre ce pays européen, pays qu’elle considère comme une invention et dont elle nie l’existence même de son peuple qu’elle tente (encore) de génocider..

C’est bien la Russie qui instrumentalise et déstabilise les relations et les intérêts entre la France et l’Afrique ? Est-ce cela que l’on attend d’un partenaire naturel ?

Jusqu’à quand devrons-nous tendre l’autre joue ?

La Russie redeviendra, dans cette forme ou dans une autre, un potentiel partenaire lorsqu’elle abandonnera ses entreprises guerrières impérialistes, lorsque son peuple, si il le souhaite et qu’il cesse de soutenir ses dirigeants terroristes (>80% d’adhésion) fera enfin sa propre introspection, descendra dans la rue et fera sa révolution ! Comme la France l’a fait en son temps, l’Ukraine et tant d’autres nations avant eux !

Si, comme le disent un certain nombre d’observateurs, il ne faut pas confondre le peuple russe et leurs dirigeants, alors qu’ils prennent leurs responsabilités ! Ce n’est pas au peuple d’Ukraine de souffrir de la lâcheté ou du relativisme du peuple russe.

Ces mots peuvent paraitre dur, mais la violence de ce que ressent dans leur chair chaque ukrainien jour après jour depuis 1 an et demi vivant sous la menace des bombes russes est autrement plus violent..

La démocratie (aussi imparfaite soit-elle) nait de l’obstination des peuples à s’auto-déterminer et pas de la volonté d’un individu à renoncer à ses privilèges.

« La Russie est grande comme 46 fois la France, elle a deux fois la superficie des Etats-Unis d’Amérique, a 150 millions d’habitants. »

Non Nicolas..la Russie est grande mais elle fera au mieux 30 fois la France..pas 46.

Comment l’exprimait-il en préambule déjà ?

 « ..fasciné par la capacité d’un certain nombre d’acteur politique et d’observateurs à oublier la géographie.. »

A moins que ce grand visionnaire n’avait déjà anticipé les capacités de prédation de la Russie impérialiste ?

« Dans l’histoire de l’humanité, jamais un pays qui n’avait pas la population pour occuper son territoire n’a été envahir le territoire d’à côté.

Expliquer que la Russie va envahir l’Ukraine, c’est une méconnaissance totale de l’histoire, de la démographie et de la volonté des dirigeants russes. »

Merci Nicolas Sarkozy pour cette omniscience et cette érudition de l’histoire du monde russe, c’est bluffant !

« L’Ukraine est un grand pays de 40 millions d’habitants dont 30% est russophone, l’Ukraine est un pont, un pont entre l’Europe et la Russie.

Le jour où vous coupez le pont d’une rive, le pays n’a plus de sens.

Plutôt que de pousser l’Ukraine dans un côté ou dans un autre, on ferait bien mieux de pousser l’Ukraine à avoir d’excellentes relations avec l’Europe et d’excellentes relations avec les russes parce que si vous obligez l’Ukraine à choisir l’Europe plutôt que la Russie, que deviennent les 30% de russophones en Ukraine.

La première décision du gouvernement ukrainien ayant été d’interdire l’usage de la langue russe sur le territoire de l’Ukraine, c’est une erreur majeure !»

Voilà un sujet sur lequel il est primordial de s’attarder tant le sujet est au cœur de la propagande russe !

D’abord, le fameux amalgame entre russes et russophones, un des éléments de langage que la propagande russe entretien savamment pour laisser entendre que russophone = russe = russophile..

Mais non monsieur Sarkozy, un russophone n’est rien d’autre que quelqu’un qui parle russe, comme c’était en réalité le cas d’une bonne moitié de la population..

A quoi cela tenait ?

A des siècles de répressions de la langue ukrainienne, de la culture ukrainienne.

Nous en parlons ici : https://mediaguerri.com/la-langue-russe-a-ete-interdite-en-ukraine/

Dans ce même article, nous déconstruisons également le mensonge sur la pseudo interdiction de la langue russe en Ukraine !

C’est faux, juridiquement faux, car la proposition de loi de 2014 n’a pas été ratifiée par le Président Porochenko. La loi de 2012 rendant le statut de langue régionale à la langue Russe (en réalité de langue officielle au même titre que l’Ukrainien) restera en vigueur jusqu’à février 2018 !

Ensuite, cette loi sur la langue (de 2019 qui rendait inconstitutionnelle celle de 2012) ne s’étend pas au domaine de la vie privée et religieuse.

Troisièmement, il est intellectuellement malhonnête de laisser entendre que les Ukrainiens avaient pour but de discriminer les minorités ethniques du pays, dont les russes, à travers cette nouvelle politique linguistique.

Le but recherché était de rassembler les ukrainiens, qu’ils soient russophones ou ukrainophones, cette loi se voulait la continuité de la politique d’ukrainisation initiée dans les années 80-90 dans un but de renforcement et d’unification nationale après de longues périodes d’assujettissement, de tentatives d’éradication de son statut et de campagnes répétées de russification.

Ce sujet a été instrumentalisé à la Rada par les éléments radicaux pro-russes corrompus soumis aux intérêts russes, de l’huile sur le feu pour faire monter les tensions entre russophones et ukrainophones, notamment à l’Est.

Quiconque connait l’Ukraine post-soviétique sait que le russe était majoritairement employé partout, et notamment à Kiyv, la capitale ! A l’Ouest moins pour des raisons d’influences historiques et culturelles, mais dans tous les cas, cela n’a jamais été un problème..

Faut-il rappeler que les Ukrainiens ont élu en 2019 un Président russophone, Volodymyr Zelensky qui ne parlait pas un mot d’ukrainien et était extrêmement populaire en russie..

Enfin, il est extrêmement malhonnête de faire un procès à l’Ukraine dans ses tentatives d’instaurer une langue ukrainienne officielle lorsque l’on sait que la Russie a inversement et dans des proportions inédites tenter d’éradiquer la culture ukrainienne et en particulier sa langue depuis des siècles !

Sarkozy semble avoir des lacunes non seulement sur l’historiographie ukrainienne, mais aussi sur la France et bien d’autres nations européennes qui ont fait des choix identiques dans le passé !

« Cela ne veut pas dire que Monsieur Poutine a raison sur tout, sur la forme je pense qu’il a eu tort, mais moi j’ai l’expérience de cela.

Quand les russes se sont agitées avec la Géorgie, je me suis précipité à Moscou et à Tbilissi et nous avons pu trouver le moyen d’arrêter les chars russes à 40km de Tbilissi et de stabiliser la situation.

Pourquoi personne n’a été discuté avec Monsieur Poutine ? Pourquoi on a pas dit à Monsieur Poutine, voilà la ligne rouge, voilà ce qu’il faut arrêter. »

Vous remarquerez que le petit Nicolas a du mal avec les notions de grandeur puisqu’on est passé de « 40Km de Tbilissi » dans son discours de 2014 à « 25Km » dans son interview du Figaro en 2023. Pour quelqu’un qui entend donner des leçons de mémoire géographique…

Sur la Géorgie, Sarkozy peut se féliciter autant qu’il veut, le résultat reste néanmoins plus que mitigé..2 régions annexées et sous occupation russe encore aujourd’hui…

On comprend que c’est sa manière d’imposer ses lignes rouges aux russes puisqu’il réitère avec l’Ukraine en 2023..

« La France a signé un contrat, à ma connaissance il n’y a pas de décision internationale de l’ONU interdisant à la France de livrer des mistrals, donc la France doit honorer sa parole et livrer ses mistrals à Moscou.

Est-ce à dire qu’on accepte tout ce qu’a fait Monsieur Poutine, non, mais qui va m’expliquer que parce qu’on livre les mistrals on change les conditions du rapport de force et du rapport en géopolitique entre l’Ukraine et la Russie. »

L’Etat major russe lui-même reconnaitra l’impact de l’absence de ce type de navires dans un conflit armé après l’expérience Géorgienne.

Il ne fait aucun doute que ce type de navire aurait eu un impact considérable en faveur de la Russie dans ses entreprises guerrières pour annexer les territoires Ukrainiens et débarquer à Odessa!

« Vingt derniers mots.

A propos de la Crimée, j’ai été celui qui a expliqué à Monsieur Poutine, et ce fût rude entre nous, que les kosovars ne voulaient plus vivre avec les serbes et que Monsieur Poutine en tant que Président de la Russie devait laisser les Kosovars libres du droit des peuples à se déterminer, et le Kosovar est né ainsi.

En Crimée, un soir de beuverie, Monsieur Khrouchtchev, dans les années 50-60, a décidé que la Crimée appartiendrait à l’Ukraine alors qu’elle était russe, que les 2 millions d’habitants de la Crimée dont les 80% sont russophones, 20% tatars, veulent revenir en Russie. Au nom de quoi devrions nous interdire aux habitants de Crimée de faire un choix qui leur appartient, qui ne nous appartient pas.

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il est aussi vrai pour les Kosovars que pour les habitants de Crimée. »

Une fois de plus, quel médiocrité d’analyse et méconnaissance de l’histoire.

Nous sommes en face d’une malhonnêteté crasse de ce multirécidiviste..

Sarkozy remanie donc l’histoire à sa guise sur la base d’une prétendue soirée alcoolisée ?

Il balaie d’un revers de main le droit international en omettant de rappeler que la Crimée s’est bel et bien prononcée en faveur d’un rattachement à l’Ukraine indépendante en 1991 aux conditions qu’on lui connait.

Pourquoi monsieur Sarkozy ne mentionne-t-il pas les difficultés financières que rencontrait la Crimée devant sa reconstruction d’après-guerre, et qui était un boulet au pied pour le pouvoir russe ? Notamment dépourvu d’une main d’œuvre Tatar déporté en masse par Staline !

N’était-ce pas un moyen de transférer à l’Ukraine ce poids économique gênant ?

Pourquoi n’évoque-t-il pas à ce sujet la géographie qui semble lui tenir à coeur en concédant que la Crimée était déjà liée à l’Ukraine, notamment du point de vue de l’approvisionnement en eau et en électricité qui rendait la logistique bien plus simple ?

« En 1954, l’Ukraine reçut une poupée cassée. Nous l’avons réparé, et maintenant ils la veulent. »

L.Kravchuk, Président Ukrainien

Sur l’analogie avec le Kosovo, elle ne résiste pas longtemps, la situation est différente, la Crimée et les Criméens n’étaient pas discriminés, c’est même plutôt l’inverse, ce sont les russes qui discriminaient les minorités ethniques de la péninsule, les tatars notamment.

Le gouvernement de Kiyv n’a pas massacré de criméens russes, elle ne les a pas discriminé ou déplacés contrairement aux violations fondamentales des droits de l’homme qui avaient lieu au Kosovo.

Ce sont les russes qui sont intervenus militairement en Crimée (« les petits hommes verts » Wagner&Co..) et qui ont destabilisé la péninsule et pris le pouvoir par la force des armes à la suite de la destitution du vassal du kremlin, le président V.Ianoukovitch.

La comparaison ne tient pas..

Enfin, sur les données démolinguistiques de la Crimée, là encore Sarkozy brille par son inculture, confond russe et russophone, à moins que cela ne soit une stratégie de manipulation de l’opinion dont il a le secret. Quoi qu’il en soit, il choisi d’oublier, par son mépris légendaire des peuples, de considérer que la péninsule comprenait également pas moins de 15% d’Ukrainiens au dernier recensement (2018), environ 10% de Tatars et 5-6% d’autres ethnies. Soit un peu moins de 70% de russes au total. Et ce recensement émanait des autorités russes post annexion..à prendre avec les réserves qu’il convient. Sur les données de 2001 on dénombrait environ 24% d’Ukrainiens et à peu près 12% de Tatars notamment.

« Encore une fois, on mélange tout, la forme et le fond, j’ajoute que si c’était un grand drame il fallait aller discuter avec Monsieur Poutine et on a entendu Monsieur Hollande affirmer qu’il avait, tenez-vous bien, des contacts indirects avec Monsieur Poutine.

Je connais Monsieur Poutine, le contact indirect, cela ne suffit pas pour le convaincre.

J’ajoute, dernière chose, on peut défendre l’idée de ne pas livrer les mistrals, moi je pense qu’il faut les livrer, mais on peut parfaitement le défendre y compris dans ma propre famille politique, ce n’est pas un sujet qui doit nous fâcher.

Ce que je n’accepte pas en revanche, c’est que l’on décide de la suspension de la livraison des mistrals de manière piteuse la veille d’un sommet de l’OTAN parce que le Président des Etats-Unis vous le demande.

La France se détermine par elle-même, non pas parce qu’un tel ou untel lui demande de défendre une position.

Et cela n’a rien à voir avec l’amour que j’ai pour les Etats-Unis et l’amitié que j’ai pour Monsieur Obama.

Bref, en résumé, cela a été mal géré au début, mal géré pendant et à l’arrivée c’est très mal géré. »

Relisons le une deuxième fois :

« La France se détermine par elle-même, non pas parce qu’un tel ou untel lui demande de défendre une position. »

C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Monsieur Sarkozy devrait se souvenir que cela commence par le strict respect des résultats d’un référendum !

Pour le reste, l’histoire retiendra l’intervention guerrière de Nicolas en Lybie, ses gesticulations et ses pirouettes eut égard à l’Allemagne, aux Etats-Unis ou à la Russie, son mépris pour les Français et ses nombreuses affaires judiciaires !