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C’est ainsi que l’on retrouve sur la plupart des réseaux sociaux français et étrangers (Twitter, Tiktok, Linkedin, Youtube, etc.) cette affirmation mensongère alimentée par la propagande du Kremlin et ses antennes depuis le début de la guerre.

Vladimir Poutine  affirmait le 24 février 2022, en même que l’annonce de son « opération militaire spéciale »

« ..défendre les gens qui depuis huit ans sont soumis à des brimades et à un génocide de la part du régime de Kiev. Dans ce but, nous allons nous efforcer de parvenir à la démilitarisation et à la dénazification de l’Ukraine, ainsi que de traduire devant la justice ceux qui ont commis de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris contre des citoyens de la Fédération de Russie »

Cette propagande a largement été soutenue en France par une partie de la droite et l’extrême droite ainsi qu’une « journaliste » (ayant fait 2/3 allers/retours en 2015 du côté des séparatistes selon ses propres aveux) à travers un reportage à charge contre le gouvernement et l’armée Ukrainienne. Son « documentaire » sera par ailleurs introduit par une manipulation d’un extrait vidéo du Président Porochenko. Nous évoquons ce sujet ici.

Cette « journaliste » a par ailleurs fait l’objet de vives contestations de ses confrères journalistes de Libération, Ladépêche ou encore Le Monde et l’argumentaire soutenu a été largement contrebalancé ou explicitement démenti sur certains aspects par le site stopfake.org fondé par un groupement de journalistes Ukrainiens dans le but de contrecarrer la montée en puissance de la propagation de fake news par le Kremlin dès 2014.

Dans les faits :

Dans son rapport de 2020 le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme mentionne :

Du 14 avril 2014 au 15 février 2020

13’000-13’200 personnes tués dont :

        • Au moins 3’350 civils
        • Environ 4’100 membres des forces armées Ukrainiennes
        • Environ 5’650 membres de groupes armés*

Dans sa version du 27 janvier 2022, voici les chiffres :

Du 14 avril 2014 au 31 Décembre 2021

14’200-14’400 personnes tués dont

        • Au moins 3’404 civils
        • Environ 4’400 membres des forces armées Ukrainiennes
        • Environ 6’500 membres de groupes armés *

*Côté Russes, les séparatistes Ukrainiens russophiles ainsi que des militaires Russes associés à des miliciens, dans un premier temps non confirmé par la Fédération de Russie puis finalement reconnu comme tel par la suite.

Rapport du 14 janvier 2020 de la Cour Pénale Internationale (ICC/CPI)

Région du Donbass en chiffres 

La population du Donbass comptait environ 6’000 000 d’habitants partagés entre 2 Oblast dans la période précédant le début du conflit et avant le départ des réfugiés, les déportations, les déplacements de population, les personnes tués ou disparus.

Environ 4’000 000 d’habitants dans l’Oblast de Donetsk sur une superficie de 26’000km2 dont environ 1’000 000 d’habitants dans la Ville « République autoproclamée » de Donetsk qui s’étend sur une surface de 358km2 et environ 2’000 000 d’habitants pour une superficie sensiblement identique à celle de l’Oblast de Donetsk, soit 26’000km2 dont 400’000 habitants dans la Ville « République autoproclamée » de Lougansk sur une surface de 257km2.

A noter que les Villes sécessionnistes, Louhansk et Donetsk ne représentent qu’une partie de la région du Donbass.

Dans son discours du 24.02.2022, V. Poutine a annoncé une « opération militaire spéciale »(une guerre..), entre autres pour « défendre les citoyens Russophones victimes de ce qu’il qualifie d’un génocide.

Peut-on parler d’un génocide contre la population russophone lorsqu’environ 3’400 civils sont tués dans un conflit opposant 2 belligérants sur une période de 8 ans ? La réponse est Non..d’autant que ce ne sont pas 3’400 civils côté séparatistes, le détail ci-après.

Rappel de définition : Génocide

« Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe ;

b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

L’Ukraine est un pays qui compte environ 43,79 Millions d’habitants. (Données : Banque mondiale 2021)

Celle-ci est majoritairement peuplée d’Ukrainiens, environ 75,5% de la population (~33M d’hab), mais c’est un pays multiethnique qui regroupe plusieurs minorités :

Russe : 17.2% ; Roms : 1.3% ; Ruthène : 1,1% ; Yiddish 1,1% ; Tatar de Crimée 0,6% ; Biélorusse 0,5% ; Moldave 0,5% ; Bulgare 0,4% ; Hongrois 0,3% ; Roumain 0,3% ; Polonais 0,3% ; Arménien 0,2% ; Grec 0,2% ; Tatar de l’Oural 0,2% ; Azéri 0,09% ; Géorgien 0,07% ; Allemand 0,06% ; Gagaouze 0, 06%.etc

Les 17,2% de Russes (~7,5M d’hab) majoritairement située à l’Est et au Sud de l’Ukraine notamment dans les régions de Kharkiv (~2’600 000 d’hab), Louhansk (~2’000 000 d’hab), Donetsk (~4’000 000 d’hab), Zaporijia (~1’700 000 d’hab), Mykolaiv (~1’100 000 d’hab), Odessa (~2’300 000 d’hab), Kherson (~1’000 000 d’hab) ou encore en Crimée annexée en 2014.

Cette composition ethnique ne reflète pas le % de la langue parlée en Ukraine. Celle-ci est répartie de la manière suivante :

        • Ukrainophones : ~67.5% soit 29,49 millions
        • Russophones : ~29,6% soit 12,93 millions
        • Autres : ~2,9% soit 1,26 millions

Données : 2019

Plus de détails de la composition ethnique et linguistique du pays dans cet article.

Dès lors, comment qualifier de génocide les évènements dans la partie Est du Donbass lorsque l’on a ces chiffres en tête et que la cohabitation d’une plus large représentation de la population russophone des autres Oblasts en Ukraine fonctionne très bien, que ces régions/villes sont très bien développées économiquement et que leur population n’a pas manifesté une quelconque volonté d’être « protégée » ou rattachée à la Fédération de Russie ?

Etrangement, cette volonté s’exprime à l’extrême Est du pays, à la frontière de la Fédération de Russie, sous ingérence Russe depuis 2014, notamment après l’annexion de la Crimée en mars 2014.

Comment expliquer encore, après l’invasion proclamée le 24.02.2022, la destruction de la ville portuaire de Marioupol largement représentée par sa population Russophone à 90% (Structure ethnique : ~48% d’Ukrainiens et ~44% de Russes) qui a entrainé au moins 22’000 morts selon les premières sources internes et entre 75’000 et 80’000 selon les dernières estimations.

 

Marioupol. Ville fantôme après les bombardements intensifs russes

Le rapport mentionne également qu’entre 2014 et 2021, 1’242 victimes civils ont été causées par des incidents liées aux mines ainsi qu’à la manipulation de reste explosif de guerre et l’explosion de dépôts militaires.

Autrement dit, et sans minorer le caractère catastrophique et douloureux pour les familles des victimes, 36% des 3’404 civils morts entre 2014 et 2021 [de part et d’autre] résultent d’une cause indirecte et non de la volonté intentionnelle d’éliminer des civils.

Les civils tués durant ces 8 années [2014-2021] l’ont été principalement durant les 2 premières années du conflit pour se « stabiliser » à environ 20 morts par an. Ces civils décédés comprennent indépendamment des Ukrainiens des territoires contrôlés par le gouvernement que des Ukrainiens des territoires occupés et auto-proclamés mais avec une forte représentation pour cette dernière entre 2018 et 2021 selon le rapport des Nations Unies.

Vladimir Poutine veut-il décemment nous faire croire qu’il porte un intérêt à la vie de « compatriotes russophones » qui meurent dans le conflit à raison de 20 tués/an sur les 3 dernières années précédant l’invasion en Ukraine lorsqu’il entreprend de lourds bombardements et des actions militaires punitives, qui feront entre 20’000 et 80’000 morts majoritairement russophones en quelques semaines seulement sur la seule ville de Marioupol. Sans compter la déportation de centaines de familles et d’enfants isolés.

Serait-ce trop demandé, un peu de respect pour ses familes, que d’arrêter de prendre l’opinion publique pour des idiots ?

La quasi-totalité des villes complètement (soit 80-90%) détruites se situent dans le Donbass, que les occupants russes sont venus « protéger »

Vol MH17

 

Les chiffres des civils tués dans le dernier graphique ci-dessus tiennent compte des victimes du vol MH17 de la compagnie Malayia Airlines abattu au-dessus de l’Ukraine.

Touché par un missile sol-air tiré depuis la zone séparatistes, le Boeing 777 s’est écrasé le 17 juillet 2014 causant la mort de 298 passagers et membres d’équipage.

Le 17 novembre 2022, la justice Néerlandaise a condamné à perpétuité par contumace, 3 hommes ayant joué un rôle dans cet attentat, le séparatiste ukrainien L.Khartchenko et les Russes S.Doubinski et I.Guirkine dont nous parlons ici en fin d’article.

Ceux-ci étant sous la protection des Russes établis dans les régions séparatistes de l’Ukraine, il y a peu de chance pour que la peine prononcée soit réellement purgé faute de leur extradition.

Un autre homme, le Russe S.Poulatov a quant à lui été acquitté.

Ces hommes sont reconnus comme responsable de l’acheminement et le déploiement du missile de fabrication Russe (Buk), de la Russie vers l’Est de l’Ukraine, avec de « fortes indications » de l’approbation directe du chef de l’état Russe, V.Poutine selon les dernières enquêtes.

Le Président Russe ne pourra néanmoins pas être plus inquiété par l’enquête Néerlandaise qui prévoit l’immunité des chefs d’état.

Le Kremlin dément toujours cette version malgré l’accumulation de preuves..

En résumé

-L’Ukraine n’a pas bombardé unilatéralement le Donbass depuis 2014, et encore moins à des fins de génocide de la population russophone de ces régions.

-C’est un conflit armé entre les Ukrainiens d’une part et les séparatistes et milices russes d’autre part, qui a entrainé la perte de civils, notamment dans les 2 premières années.

Dont : Entre 2014 et 2021

    • 3’404 civils
    • 4’400 militaires Ukrainiens
    • 6’500 séparatistes et milices Russes

-Il est clairement établie l’ingérence Russe et la présence de milices russes armées dans ces régions et en Crimée annexée dès le début du conflit après la destitution du président Ianoukovitch.

-Tuer, séquestrer, torturer, violer, déporter des dizaines de milliers de victimes en Ukraine (ONU), dont une large partie de russophones (Marioupol, Mariinka, Butcha, Irpin, Bahkmout,etc.) est l’oeuvre des militaires russes

-Si un génocide est attenté contre un peuple, c’est bien contre le peuple Ukrainien comme en témoigne les milliers de morts engendrés par le conflit après l’invasion du 24-02-2022, l’oppression russe constante depuis des décennies et la négation même du peuple ukrainien par les dirigeants russes.